Haïkus d'automne entre Aomori et Sakata
Publié le 5 Novembre 2024
Bonjour,
"Le haïku, c'est l'art de s'émerveiller, contempler et décrire l'instant présent, un évènement inattendu, une expérience qu'on vient de vivre, le temps d'une respiration, c'est ce que le haïku doit évoquer. Sachant cela, il devient naturel qu'un haïku se doive d'être court, concis et spontané.
C'est pour cela qu'une des règles du haïku à respecter est la structure en trois vers, c'est-à-dire trois phrases."
D'après le très intéressant site internet :
www.temple-du-haiku.fr
5 syllabes pour le premier vers, 7 syllabes pour le second, 5 syllabes pour le troisième. Le haïku doit faire référence à une saison. Pas de ponctuation, pas de titre.
J'ai écrit ces Haïkus le temps d'un trajet en train, entre Aomori et Sakata. Ils concernent des expériences que nous avons vécu.
Ginkgo biloba
l'automne ta confiture
tartine mes semelles
Tu souffles vent mais
les libellules resteront
inséparables
Dans l'œil du typhon
les feuilles mortes
forment des montagnes
Ne dépense pas tout
arbre aux mille écus d'or
car l'hiver arrive
Quand vient l'automne
le chien très frileux s'habille
au frais du maître
Érables rouges
qui migrez du nord au sud
savez vous nager
L'automne finit
mimez l'étoile filante
feuilles d'érables
Vœu du condamné
la patate douce fume
une dernière fois
Pendant momiji*
les haïkus prennent aussi
des couleurs rouges
* Momiji désigne les feuilles d'érable teintées de rouge en automne
Période du rut
le cerf du Japon rugit
plus fort que les ours
Pendant momiji
le plumage du grand corbeau
paraît plus sombre
Dangereux volcan
des feuilles couleur lave
suivent tes pentes
Debout automne
le pic noir frappe dix coups
contre ta porte
En conservateurs
les sapins restent sobres
pendant momiji
Les feux tricolores
vont passer du vert au rouge
qu'attends momiji
La morne tortue d'eau
se pare de belles feuilles d'or
quand vient l'automne
Les carpes nagent
gobent plein de feuilles jaunes
puis les recrachent
Des feuilles flottent
à la surface du onsen
bonne soupe d'automne
Dans le Shinkansen
tout l'automne se retrouve
dans les ekiben
Toi ciel d'automne
masqueras tu la comète
une éternité
Semblant en retard
parmi tous les kakis mûrs
une fleur mi-close
Pendant l'automne
le renard roux disparaît
à la vue de tous
Dans le train local
d'Akita à Sakata
les poignées dansent
Une feuille tombe
pendant sa chute gracieuse
la terre a tremblé
Sous un érable
bien plus de photographes
que de feuillage
Posé sur l'étal
l'oursin exhibitionniste
montre ses gonades
Odeur de marée
des sushis dans leur écrin
bijoux d'automne
Avec son long nez
le Shinkansen ressemble
à un Européen
Un origami
parmi les feuilles mortes
grue de papier